18 Dec
18Dec

Dans la mise en scène du vivant, la créativité est la capacité à transcender les façons traditionnelles de penser ou d'agir, pour réaliser une production qui soit à la fois originale et adaptée à l'environnement dans lequel elle s'exprime. Au coeur de ce processus cognitif, on observe un dénouement passionnant entre l'artiste et le décor qui l'entoure.

En même temps que le décor change, le personnage de l'artiste est un rôle en évolution permanente, grâce à un processus de transcendance alimenté par une force créatrice. Levons le rideau sur ce que nous disent les neurosciences de cette histoire qui existe chez tous les humains et qui est simplement amplifiée chez l'artiste.


- Acte 1 -

L'environnement influence le vivant

Lieu : Entre l'environnement et le corps

Tous les organismes vivants construisent leur cognition à partir de leurs interactions avec leur environnement. On dit que l'humain est son environnement.

L’organisme construit son environnement à son image, lequel à son tour modifie l’organisme, et ainsi de suite. Ce sont les expériences de vie, positives et négatives, qui construisent la cognition des organismes. Le corps, les émotions et les croyances jouent un grand rôle dans cet apprentissage.

Plus le nombre de potentiels dangers pour notre évolution augmente dans notre environnement, ou plus ils apparaissent précocement dans la vie, plus l'être humain développe sa perception et donc sa sensibilité, afin de mieux détecter l'arrivée d'un autre éventuel danger et permettre la survie de son espèce. C'est le cas chez de nombreux artistes.

Dans ce premier acte, c'est l'histoire du corps qui interagit dans un environnement et transmet des informations par les ressentis.



- Acte 2 -

La répétition renforce l'émotion

Lieu : Entre le corps et le coeur

Au fil de notre évolution, la nature a aussi doté les humains de la capacité, apparemment unique dans le règne animal, de jouer et rejouer les situations dans leur tête, en faisant varier les scénarios.

C’est ce que nous faisons tous lorsque par exemple nous imaginons dans notre tête une action à venir, ou lorsque nous ruminons une rencontre qui s’est mal déroulée en modifiant les scénarios faisant d’un événement malheureux une expérience utile.

On dit souvent que l'émotion vécue lors de ces situations imaginées est quasi équivalente à celle qui serait vécue lors de situations similaires réelles. Le cerveau ne différencie pas le réel de l'imaginaire. Les neurosciences ont montré que ce processus de répétition était là la base de la créativité chez l'être humain.

Dans ce deuxième acte, c'est l'histoire du coeur qui amplifie l'information selon son vécu pour qu'elle parvienne à l'esprit.



- Acte 3 -

La narration favorise l'innovation

Lieu : entre le coeur et l'esprit

Grâce à ce mécanisme de répétition, l'humain va être en mesure de conscientiser son comportement en prenant du recul sur la voie la plus empruntée dans son cerveau.

Cela va lui permettre de se détacher de la puissance de ses émotions pour poser son attention sur d'autres chemins possibles, et de reprendre son pouvoir intérieur en changeant sa narration intérieure. Cette capacité d'innovation lui permet d'évoluer en permanence et d'atteindre de nouveau niveaux de conscience. 

D'ailleurs, lorsque l'être humain ne perçoit pas la contrainte comme une opportunité d'évolution, il tombe alors dans ce qu'on appelle une dissonance cognitive et des schémas répétitifs douloureux qui l'empêche d'évoluer en créant des blocages. Il y aussi un phénomène de surcharge sensorielle qui peut provoquer des dérèglements dans toute la mécanique cognitive, si l'émotion envoyée à l'esprit est trop puissante.

Dans ce troisième acte, c'est l'histoire de l'esprit qui ouvre de nouvelle porte pour transcender une émotion et changer sa narration intérieure.



- Acte 4 -

Le langage permet le partage

Lien : entre l'esprit et l'environnement

La découverte de nouveaux chemins de pensée peut s'associer au langage. Dans le processus de naissance d'une idée, la pensée divergente et le langage métaphorique sont cultivés à ce moment là, afin de faire  revivre fictivement cette situation à ses semblables dans un langage universel.

C’est là qu’entrent en jeu la littérature, les arts visuels, le cinéma, et tous les arts en général. Leur rôle serait de faire partager de façon représentative des émotions qui seraient celles de situations vécues par l'artiste lui-même. Cela a pour effet d'augmenter la cognition générale d’une population, qui est moins sensible à son environnement.

L'artiste est un pourvoyeur d’émotion par la maîtrise d’un langage dédié à l’expérience sensorielle. Il est un humain qui va simplement être encore plus sensible à son environnement que la plupart des gens, ce qui va le pousser à optimiser ce processus pour sa propre survie. C'est pour cela que l'on parle de force créatrice

Dans ce quatrième acte, c'est l'histoire de l'être tout entier qui s'exprime dans le monde qui l'entoure pour manifester créativement la réussite de son processus de transcendance, en le retournant sous une forme personnalisée à son environnement.



Au milieu d'un décor en évolution permanente, l’artiste devient le gardien du vivant dans notre société. Il est celui qui nous rappelle l’existence d'un univers au delà des mots et du mental. Il rend le monde à nouveau sensible, permet de prendre conscience, guide dans l’exploration de celui-ci, au travers d’une infinité de biais possibles, en utilisant sa propre expérience pour créer une expérience différente pour chacun.

C'est par la maîtrise de sa force créatrice qu'il devient un des plus grands explorateurs de ce processus cognitif et des mystères de la vie dans la mise en scène du vivant. À force de naviguer d'un extrême à l'autre, l'artiste est plus à même de trouver son ajustement sur la voie ascentionnelle du milieu.

Refermons maintenant le rideau pour changer de référentiel et le réouvrir avec le décor du 21ème siècle, afin de mieux comprendre le nouveau rôle de l'artiste dans un monde qui bouge...

Que le flow soit avec vous.